Le nombre d’animaux réhabilités chaque année en France, bien qu’en forte augmentation reste relativement faible1. Cela est principalement dû à un manque d’information : les scientifiques ne savent majoritairement pas qu’il est légalement possible de replacer les animaux de laboratoire en fin de processus expérimental, beaucoup pensent même que c’est interdit. Les lourdeurs administratives peuvent également s’avérer décourageantes. Il est important aujourd’hui de faire connaître cette démarche, de proposer aux laboratoires des solutions d’accueil de leurs animaux réhabilitables et de faciliter les procédures juridiques.
Le manque d’information
Le manque de motivation
Les contraintes administratives
Les contraintes financières
L’absence de solutions adéquates pour les animaux réhabilités
Les préjugés sur les animaux de laboratoire
* Le manque d’information :
Peu de personnes savent que la réhabilitation existe, même celles qui appartiennent au milieu scientifique ou qui sont sensibles au bien-être animal. Beaucoup pensent même que c’est interdit, alors que c’est prévu et encadré par la loi (2). Il semble aujourd’hui nécessaire de communiquer sur ce sujet de façon plus adaptée au milieu scientifique (publication, conférences…), comme l’ont fait la Sfeca (3) puis l’Afstal (4) en 2014, afin de diffuser ce concept à une plus large échelle au sein du milieu scientifique.
A contrario, des scientifiques qui connaissent l’existence de la réhabilitation peuvent refuser de s’impliquer dans cette démarche par méconnaissance des capacités d’adaptation et de résilience des animaux, pourtant bien établies dans le milieu de la réhabilitation comme du sauvetage d’animaux domestiques. Retour au sommaire
* Le manque de motivation :
La cause animale en général n’est pas une préoccupation majeure de la société et, dans le cas de la réhabilitation, vient s’ajouter la question très sensible de l’expérimentation animale, qui pénalise souvent le processus de replacement des animaux de laboratoire.
Des actions ponctuelles sont aujourd’hui possibles grâce à la volonté et la détermination de chercheurs ou animaliers qui travaillent avec ces animaux. Mais ils sont souvent isolés dans leur démarche et confrontés à l’incompréhension ou la réticence des départements juridiques, de communication et/ou de direction des organismes de recherche pour lesquels ils travaillent. En effet, pour ces derniers, réhabiliter ceux de leurs animaux qui peuvent l’être revient à assumer l’expérimentation animale. Or c’est une position généralement refusée par tous, notamment par crainte des actions activistes qui ont déjà conduit par le passé à des menaces contres les personnes, à des saccages de laboratoires et au vol d’animaux.
Même de façon anonyme et confidentielle, il n’est pas évident pour ces acteurs de la recherche de créer des liens avec des associations de protection animale dont certaines attaquent et dénigrent leurs engagements et leurs métiers. Retour au sommaire
* Les contraintes administratives :
Le processus légal de réhabilitation des animaux de laboratoire peut sembler lourd, pour les organismes de recherche comme pour les associations qui souhaitent s’investir dans cette cause. Les animaux des laboratoires publics appartiennent à l’Etat et la cession des “biens” de l’Etat est très difficile. Il y a ici nécessité d’une autorisation délivrée par le préfet (5) via la direction départementale de la protection des populations (DDPP) pour chaque animal (ou groupe d’animaux pour les rongeurs) et chaque destinataire (refuge, association ou adoptant).
Des médiateurs, comme le Graal, proposent de s’occuper de la plupart des formalités administratives afin de simplifier le processus pour les autres acteurs de la réhabilitation, qui n’ont généralement pas les connaissances légales requises pour cette démarche. Retour au sommaire
* Les contraintes financières :
Actuellement, les organismes de recherche participent à hauteur de leurs moyens au niveau vétérinaire (contrôle santé, vaccination, stérilisation) et/ou du transport des animaux vers les structures qui les prennent en charge à leur sortie. Il revient ensuite aux refuges et aux associations d’assumer la totalité des coûts relatifs aux soins et à l’hébergement des animaux réhabilités (frais vétérinaires, matériel, nourriture…), ce qui n’est possible que par l’implication primordiale des adhérents, donateurs et adoptants.
Pour les organismes de recherche, l’euthanasie, usuellement pratiquée, est l’alternative la moins coûteuse ; la réhabilitation quant à elle implique des contraintes administratives et financières qui peuvent être non négligeables pour des organismes qui manquent déjà de fonds. Imposer aux laboratoires la prise en charge financière de la réhabilitation pourrait amener la communauté scientifique à se positionner contre cette démarche, et s’avérer contre-productif.
Si la réhabilitation ne peut rester à la charge des associations et refuges sur le long terme, il pourrait par exemple être approprié d’allouer aux laboratoires – sur critères scientifiques et par des organismes de protection animale et/ou par les gouvernements – des fonds “réhabilitation” qui ne pourraient être utilisés qu’à cette fin. Retour au sommaire
* L’absence de solutions adéquates pour les animaux réhabilités :
Les conditions d’accueil des animaux retraités de laboratoire doivent non seulement être adaptées à chaque espèce, mais aussi à chaque animal en fonction de son caractère et de son vécu. Elles doivent également pouvoir être assurées de façon pérenne, ce qui nécessite une possibilité de suivi de l’animal à vie.
White Rabbit est – à notre connaissance – la seule association spécialisée dans l’accueil des animaux de laboratoire ; les structures qui accueillent actuellement les animaux issus de laboratoire parmi d’autres animaux domestiques leur assurent donc un confort de vie basé sur leurs propres exigences, et donc non homogène. Retour au sommaire
* Les préjugés sur les animaux de laboratoire :
Les particuliers sont parfois réticents à accueillir un animal issu de laboratoire. Les préjugés sont souvent nombreux: on craint de devoir faire face à un animal mutilé ou traumatisé et donc potentiellement agressif ; ou encore malade et potentiellement contagieux. Or les animaux qui peuvent bénéficier du processus de réhabilitation sont sélectionnés au sein des laboratoires d’après des critères clairement établis par la loi dans l’intérêt de l’animal comme dans celui de son environnement, et ils s’avèrent être de très bons animaux de compagnie.
De plus, la majorité des animaux de laboratoire, notamment les NAC (lapins, souris, rats…), présentent un physique qui ne correspond pas à celui de l’animal de compagnie par excellence : “petit” et “mignon”. Ainsi, ces animaux sont souvent albinos – blancs aux yeux roses – afin de faciliter les prélèvements sanguins et peuvent également, comme c’est le cas pour les lapins, présenter une différence de gabarit avec cet idéal (3-4kg pour les lapins de laboratoire contre 1-2kg pour les lapins de compagnie). Retour au sommaire
Il semble toutefois que nombre de ces obstacles pourraient être surmontés par l’implication plus massive des acteurs de la recherche dans le processus de réhabilitation, mais aussi comme familles d’accueil et adoptants, alors rejoignez-nous!
(1) Le nombre exact d’animaux réhabilités est impossible à connaître, en effet, beaucoup d’animaux sont adoptés directement par les personnels des laboratoires ou leur entourage, sans que le processus légal ne soit nécessairement respecté. (retour au texte)
(2) Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil, 2010 et Code rural français (retour au texte)
(3) Rencontres autour de la réhabilitation animale, organisées le 20 juin 2014 à Strasbourg (retour au texte)
(4) Journée sur le placement des animaux de laboratoire, organisée le 11 décembre 2014 à Paris l’Afstal (retour au texte)
(5) Décret n° 2013-118 du 1° février 2013 relatif à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. (retour au texte)