La réhabilitation doit en premier lieu profiter aux animaux de laboratoire : certes, elle les sauve de l’euthanasie, mais pour que cela leur soit réellement bénéfique, les conditions de vie proposées doivent être au moins équivalentes à celles dont ils bénéficiaient. La réhabilitation profite aussi aux personnels de laboratoire, notamment les animaliers, qui travaillent au quotidien auprès de ces animaux, qui s’en occupent, les soignent et y sont attachés. Il est important pour eux de savoir que ceux dont l’euthanasie n’est pas nécessaire pourront sortir et connaître la vie de famille. La réhabilitation pourrait aussi être bénéfique pour les organismes de recherche, en leur permettant d’améliorer leur image et de les rapprocher de la population.
Au personnel de laboratoire
Aux laboratoires
Aux animaux
Aux adoptants
* Au personnel de laboratoire : les acteurs de la recherche n’expérimente pas sur des animaux de gaieté de cœur. La plupart des vétérinaires et animaliers choisissent au contraire cette voie par amour des animaux, pour les soigner, s’en occuper, vivre à leur contact, et se retrouvent au quotidien face à une contradiction qui peut créer un profond mal-être et être difficile à vivre et à assumer socialement. Cette dichotomie peut également induire une perte d’identité, de valeurs et d’idéaux qui, à terme, par un manque de motivation et d’implication, et/ou par la nécessité d’un détachement affectif, peut se ressentir sur le quotidien des animaux de laboratoire eux-mêmes.
La perspective de réhabilitation des animaux qu’elles ont élevés depuis petits, quand elle est possible, comme alternative à l’euthanasie non justifiée d’un animal en pleine santé, ne peut qu’être bénéfique pour toutes les personnes travaillant au contact de ces animaux, car elle apporte sans conteste un espoir et une récompense symbolique de l’implication personnelle dont elles font preuve envers les animaux. Retour au sommaire
* Aux laboratoires : reconnaître la réhabilitation et la pratiquer pourrait donner aux laboratoires et à leurs membres la possibilité d’améliorer leur image auprès du grand public. Mais s’engager dans cette démarche pourrait surtout constituer un premier lien, une passerelle entre le monde de la recherche et les citoyens, dont il semble aujourd’hui s’isoler par un manque de transparence et de communication. Retour au sommaire
* Aux animaux : pour que la réhabilitation profite aux animaux réhabilités, il apparaît absolument indispensable que plusieurs critères soient remplis. Il est essentiel que les conditions de vie proposées suite à la réhabilitation soient au moins équivalentes à celles proposées en laboratoire.
Pour cela il est nécessaire de connaître les conditions réglementaires de vie des animaux dans la recherche, dictées par l’Union européenne (1):
- ce milieu étant composé de vétérinaires, animaliers et biologistes, il y règne une forte connaissance professionnelle de la biologie des espèces (assurés pour chaque espèce par une “cellule de bien-être animal” (2)) et de leurs besoins (la présence constante de compagnie pour les chiens ou la vie en groupes pour les animaux grégaires par exemple) ;
- la présence constante d’animaliers assure aux animaux une attention quotidienne, même le week-end
- la disponibilité permanente d’un ou plusieurs vétérinaires (3) permet la mise en place de soins immédiats et adaptés ainsi que la reconnaissance et la prise en charge instantanées de la douleur ;
- l’habitat des animaux de laboratoire est tempéré, propre, enrichi et entretenu quotidiennement ; toutefois, il n’est généralement pas très grand, et un des bénéfices majeurs apportés par la réhabilitation peut donc être le gain de place (semi-liberté ou liberté totale pour les lapins par exemple) ;
- la nourriture fournie est adaptée aux besoins de chaque espèce, élaborée par des vétérinaires et de composition stable puisque produite de façon industrielle. Elle est changée quotidiennement et donnée en quantités adaptées. La mise à disposition d’une nourriture variée, plus naturelle, plus goûteuse peut être une valeur ajoutée de la réhabilitation.
- les animaux de laboratoire sont souvent en présence d’humains ou de congénères, mais ce n’est pas systématique (c’est le cas notamment pour les lapins, qui sont généralement isolés du fait de la taille des cages). Là encore, la vie “de couple” ou/et de famille peut constituer un véritable avantage de la réhabilitation.
Il apparaît ainsi indispensable d’effectuer un suivi pour assurer la pérennité du placement et des conditions de vie proposées à l’animal réhabilité jusqu’à sa mort. En effet, il n’est pas moralement acceptable de réhabiliter des animaux de laboratoire pour leur offrir une vie de médiocre qualité (enfermement, inattention, manque de soins…). Si les conditions de vie proposées sont équivalentes, le seul avantage apporté par la réhabilitation est la longévité ; ce qui souligne l’importance de réhabiliter des animaux de laboratoire non traumatisés et ne souffrant d’aucun handicap, qui pourront tirer bénéfice d’une longue vie. Retour au sommaire
* Aux adoptants : en faisant la démarche d’adopter un animal de laboratoire, ils auront la satisfaction d’avoir sauvé une vie, mais en plus ces retraités de laboratoires font de très bons compagnons. Ces animaux ont souvent beaucoup à apprendre, mais leurs capacités de résilience et d’adaptation sont énormes, et les voir progresser est une réelle satisfaction qui apporte beaucoup de bonheur à leur famille.
Pour que la réhabilitation profite à tous, il apparaît donc important de ne pas vouloir la pratiquer “à tout prix” et qu’une sélection rigoureuse des animaux et des adoptants soit effectuée par les laboratoires et les associations afin de trouver pour chacun le compagnon adéquat. Retour au sommaire
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(1) Article 33 et Annexe III de la Directive européenne relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques du 22 septembre 2010 (PDF), 2013 (retour au texte)
(2) Article 31 de la Directive européenne relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques du 22 septembre 2010 (PDF), 2013 (retour au texte)
(3) Article relatif au “Nouveau dispositif réglementaire et rôle du vétérinaire” dans le domaine du “Bien-être animal et expérimentation animale”, sur le site du ministère de l’agriculture (retour au texte)